TVR Chimaera : Guide d’achat occasion
Dix ans de carrière tout de même, mais une diffusion pour le moins confidentielle et une authenticité que le regretté Trevor Wilkinson a su préserver contre vents et marées. Avis au candidats : la TVR Chimaera est une sportive brute qui ne se livre pas au premier venu.
Née en 1993, la Chimaera vient enrichir la gamme TVR d’un second roadster. Complémentaire de la Griffith, la Chimaera se veut moins radicale et plus adaptée à un usage grand tourisme. C’est vite dit… La Chimaera reprend les caractéristiques des autres TVR : les technologies employées sont simples et la Chimaera est un véritable roadster « à l’ancienne ». Toujours la même recette depuis les années 50 : le châssis en acier tubulaire et la carrosserie en fibre sont encore de mise aujourd’hui. Résultat, un poids contenu à 1050 kg ( 1060 kg pour la 500 ) malgré un gros V8 avant et un comportement joueur à déconseiller aux néophytes. Pour illustrer, il faut s’imaginer une Elise en plus viril… Là où une Lotus fait figure d’école de pilotage accessible à tous, la TVR se mérite. A réserver aux pilotes avertis. Naturellement, aucune béquille électronique ne vient à la rescousse en cas de survirage intempestif : maîtrise du contre-braquage et sang-froid seront les seuls gilets de sauvetage. Bref, les amateurs de sportives aseptisées devront passer leur chemin…
Motorisation
Depuis son lancement en 1992, la Chimaera fait appel à des V8 Rover modifiés par TVR : de conception antédiluvienne, ces moteurs culbutés dégagent un sacré charme et surtout, une sonorité fort sympathique. Les généreux gargouillis rappellent un vénérable Big Block yankee, quoiqu’un peu plus rageur à l’approche de la zone rouge. Trois motorisations étaient disponibles, chacune avec leur personnalité propre. La 400 et son V8 4.0 l de 240 ch peut paraître trop juste pour un usage réellement sportif mais constitue un bon ticket d’entrée. La 450 ( 285 et 400 Nm de couple ) est plus homogène : encore domptable, elle permet toutefois de taquiner certaines reines de circuit. D’autant que le freinage se montre à la hauteur, même si ils peuvent paraître sous-dimensionnés. Par rapport à la concurrence, les chiffres sont dans la bonne moyenne ( 0 à 100 km/h en 4,9 s ), mais une boîte 6 rapports aurait permis de tirer davantage profit du V8 : les 5 rapports de la boîte manuelle tirent un peu trop long.
Enfin, la gamme est chapeautée par la très rare Chimaera 500 ( 600 exemplaires produits ). Le V8 5.0 l profondément revu chez TVR affiche des valeurs démoniaques : 340 ch à 6000 trs/mn et 475 Nm, c’est plus qu’il n’en faut pour ébrouer les 1060 kg de l’anglaise! Avec 3,1 kg/ch, les performances sont au beau fixe : 4,1 s pour atteindre 100 km/h et 269 km/h en pointe!
A noter que seule la 400 était disponible au lancement. Les 450 et 500 sont apparues un peu plus tardivement, en 1997. Toutes ont en commun un caractère assez pointu pour des V8 : le couple relativement haut perché incitera à cravacher la mécanique, même si la disponibilité à bas régime ne pose pas de problème au quotidien. Reste qu’avec un couple maxi disponible à 4500 trs/mn ( 4000 pour la Chimaera 500 ), il ne reste plus grand-chose avant la zone rouge ( 5500 trs/mn ).
Vie à bord, la TVR Chimaera au quotidien
La réalisation reste, disons… artisanale : les ajustements des panneaux de carrosserie sont corrects, mais l’habitacle ne vieillit pas spécialement bien. Attention aux problèmes d’étanchéité, certains joints avouent vite leur faiblesse : l’humidité peut engendrer une détérioration rapide des moquettes et autres garnitures.Au fil des ans, les garnitures des sièges peuvent s’affaisser. Dommage, car le cockpit ne manque pas de charme : boiseries, moquettes épaisses et cuirs de bonne facture sont le lot de la Chimaera. Face au conducteur s’étend une instrumentation complète et relativement lisible ( pas très précise au demeurant ). L’ambiance relève d’une sportivité un peu kitsch mais peine à faire oublier des accostages imparfaits et une finition légère.
De prime abord, cette TVR semble plus civilisée qu’une Elise. Mais une fois installé derrière le petit volant trois branches dépourvu d’airbag, on ravale vite ses premières impressions. La position de conduite est parfaite et le maintien des sièges plutôt correct. Bien sûr, l’équipement est réduit à sa plus simple expression : climatisation et direction assistée étaient en option. Rien de rédhibitoire compte tenu de la vocation de l’auto.
Fiabilité et coût d’usage
A moins d’être mécanicien, mieux vaut confier l’entretien de votre TVR à un spécialiste du haut de gamme. Certaines adresse de sont forgé une certaine réputation dans les milieux TVRistes : Passion’Ailes à l’Hay-les-Roses ( 94 ), Garage Beguinot à Sauteyrargues ( 34 )… La fréquence des vidanges dépend de l’utilisation. En tous les cas, elles interviendront au moins une fois par an, en veillant à la qualité de l’huile ( les 10 W 40 ou 10 W 50 ont les préférences des amateurs ).
Largement éprouvé, le V8 d’origine Rover s’avère fiable tant qu’il est correctement traité. Le respect des temps de chauffe est primordial, même si il peut sembler long par temps froid. Malheureusement, on ne peut en dire autant des organes périphériques et du circuit électrique fragile. Les câblages exposés à l’humidité et l’isolation symbolique de la connectique réserveront de mauvaises surprises, avec les soucis que l’on imagine sur l’électronique. C’est en connaissance de cause que l’on doit acheter une TVR : lorsqu’on adopte une anglaise de la vieille école, on accepte les facéties qui vont avec… Comme pour les Jaguar des années 80, les pompes à eau et circuit de refroidissement connaissent de fréquentes avaries. Autre point faible, l’échappement souffre d’une durée de vie limitée. Et pour trouver les pièces, il sera nécessaire de se rapprocher des clubs. Sachez que le réseau officiel TVR en France est quasi inexistant : le seul importateur officiel est situé dans les Alpes-Maritimes ( Sports Cars Unlimited, à Vallauris ).
Heureusement, la plupart des pièces d’usure sont endurantes compte tenu du poids contenu : freinage et amortisseurs ne seront pas des postes de dépense ruineux. Pour ces derniers, comptez en moyenne 700 € pose incluse. Les amortisseurs AVO peuvent être commandés en France, mais pour bon nombre d’autres pièces de liaison au sol, il faudra parfois traverser la Manche pour faire ses courses. Quand à l’embrayage, pas de miracle : le couple élevé et les fortes sollicitations en auront vite raison.
Le budget maintenance sera raisonnable tant que l’auto ne sera pas maltraitée plus que de raison. En revanche, il faudra garder à l’esprit que bon nombre d’organes peuvent rendre l’âme fréquemment. Compte tenu de son exclusivité et du formidable plaisir de conduite dispensé, les prix pratiqués ne semblent pas excessifs : une TVR Chimaera en parfait état demandera un prix plancher de 30 000 € pour un 4.0 l de 1996, avec environ 50 000 km au compteur.
Lors des recherches, il faudra privilégier en priorité un modèle français, déjà immatriculé. Ce qui rend la tâche encore plus ardue, au vu de la très faible diffusion de la Chimaera. L’achat d’un véhicule d’importation peut vite se transformer en parcours du combattant, avec toutes les complications qu’impliquent une réception à titre isolé et la constitution d’un dossier auprès de la DRIRE. Et se contenter d’une conduite à droite…
cela peut-être pour toi des pistes autres que la presse.
mais au regard du résultat elle s'entend trés bien avec la LOTUS
